Politique

L’heure de la rentrée a sonné

La semaine passée, les préaux se remplissaient bruyamment d’écoliers plus ou moins pressés de découvrir ou de revenir sur les bancs d’école. Les petits s’interrogent, se réjouissent. Certains laissent même échapper une larme en voyant maman ou papa s’éloigner en les laissant à un sort incertain. Les plus grands s’empressent de retrouver les copains, d’échanger leurs souvenirs de vacances et de se demander à quoi va bien pouvoir ressembler l’année avec leurs nouveaux profs. C’est à peu de chose près la scène qui va se répéter le lundi 9 septembre lorsque les membres du Conseil général vont se retrouver après la pause estivale, mais espérons sans lâcher de larmes. 

Notre nouveau prof à nous s’appelle Alexandre Brodard. Il est jeune, dynamique et aura beaucoup de travail cette année pour faire respecter les ordres du jour et réduire la montagne de dossiers qui nous attend. Des plus cruciaux, tels la fusion des communes ou l’épineux serpent de mer des Jeunes-Rives aux plus anodins, telle cette interpellation concernant la transmission d’adresses à un club sportif. 

Car des défis, il y en a pour cette dernière année de législature ! L’ensemble des autorités de la Ville attend avec impatience l’arrêt du Tribunal fédéral concernant le recours contre la fusion de Corcelles-Cormondrèche, Peseux, Valangin et Neuchâtel. Ce rapprochement aura un impact prépondérant sur l’avenir de notre région. Lorsqu’on parle de planification scolaire, sportive, d’infrastructures diverses et variées, la donne change grandement selon la superficie et la population. Avec ou sans fusion, le défi financier reste actuel. Même si la Ville a pu réduire sa dette au cours des dernières années, on est encore loin — très loin même — d’une couverture des charges d’exploitation par des revenus directs. Seules des réévaluations d’actifs (ce que les mauvaises langues appellent des artifices comptables) ont permis d’arriver à un équilibre sur le papier. Notre groupe va donc évidemment continuer à mettre la pression sur le Conseil communal pour qu’il arrive enfin à une maîtrise des charges dans l’ensemble de ses dicastères.

Autre défi de taille, sortir enfin de l’ornière avec le projet d’aménagement des Jeunes-Rives. Le Conseil communal nous promet un rapport pour cet automne. Espérons qu’il propose une approche pragmatique, concrète et financièrement réaliste. La multitude d’avant-projets, études de faisabilité, démarches participatives, analyses diverses et variées a déjà couté bien cher au contribuable sans que l’accessibilité ou la convivialité des lieux soit améliorée. Il est temps de faire les choses simplement et avec discernement. Vous l’aurez compris, en cette rentrée de la 4eannée du Conseil général, les branches principales seront le calcul et la lecture. Notre groupe a révisé durant les vacances et se sent prêt à entamer ces prochains mois avec force, vigueur, regard critique, mais surtout avec l’envie de faire de Neuchâtel une cité où il fait bon vivre ! 

(Texte paru dans le Vivre la Ville du 28 août 2019)

Penser global

Les festivités du 40eanniversaire de la zone piétonne ont débuté de façon très colorée. D’abord l’œuf de Mandril a pris place sur la tour de Dièsse. Très vite des critiques ont fusées sur les réseaux sociaux, trouvant scandaleux l’utilisation d’un hélicoptère pour transporter les deux tonnes de l’œuvre sur son piédestal. Fin mai, c’est l’exposition « Ding Dong » qui envahit la ville. Trente-deux statues composées de 200 kg de polyester renforcé par de la fibre de verre. Les horloges, brillamment décorées par des artistes locaux, n’indiquent pas l’heure, même si certains y voient un symbole de l’urgence climatique. D’autres, moins portés sur l’art, y voient surtout plus de sept tonnes de matériaux non recyclables disséminés aux quatre coins de la ville.

On a tous en nous cette fibre écolo, cette petite voix qui nous dit « es-tu sûr que ce soit une bonne idée de jeter ce truc ? ». Le courant politique en vogue ces temps, c’est l’écologisme. Les médias ne parlent que de ça, la jeunesse défile régulièrement en prédisant la fin proche de notre Terre nourricière. Les moins jeunes se souviennent pourtant que depuis longtemps on défile pour sauver la Planète. Il y a 40 ans, c’était contre une guerre thermonucléaire mondiale, il y a 30 ans, contre les pluies acides et les bostryches, il y a 10 ans contre une mondialisation galopante, et maintenant, c’est contre les avions, la 5G, les carnivores et la bagnole.

Le Conseil général suit cette mode et traite quasiment lors de chacune de ses séances de sujets liés à l’écologisme. Le souci, c’est qu’il ferait mieux de parler d’écologie, car c’est dans cette dernière que les êtres vivants sont également étudiés dans leurs milieux. Vouloir défendre la nature est une noble cause, mais elle ne vaut pas la peine d’être vécue seulement si le citoyen y trouve sa place. Neuchâtel compte actuellement, avant la fusion, environ 33’000 habitants, qui ont tous des besoins spécifiques en matière d’habitat et de mobilité. Demander des réductions de mobilité linéaires sans tenir compte des implications sur les habitants, les pendulaires et les entreprises est certes un bon argument électoral, mais oublie que le Conseil général a pour mission de représenter et d’améliorer le quotidien de l’ensemble de ses concitoyens.

Concernant la mobilité, le groupe PLR a demandé par voie d’interpellation au Conseil communal des statistiques et des données précises concernant les pendulaires ainsi que sur les façons d’améliorer la vie des 6’000 salariés neuchâtelois qui sont contraints d’utiliser un véhicule individuel pour se rendre à leur travail. Ces données devraient servir de base pour amener des propositions d’amélioration. Notre groupe espère qu’une approche systémique et écologique (donc qui prend en compte le facteur humain) puisse freiner les ardeurs d’interdictions à tout va de certains groupes et du Conseil communal. Il en va de la cohésion globale de notre Ville. 

(Texte publié dans le Vivre la Ville du 31 mai 2019)

Cerf-Volant : les coûts s’envolent

Alors que le vote sur l’aménagement du futur Cerf-Volant aurait dû passer la rampe à l’unanimité et avec ovation, le Conseil général a été obligé de manifester son vif mécontentement lundi 4 février dernier. C’est dommage ! L’accueil parascolaire est pourtant un outil essentiel pour les parents qui travaillent, mais également pour les bambins qui doivent apprendre à socialiser. Socialiser, verbe transitif direct signifiant « Développer les relations sociales entre des personnes ». Or, le Conseil communal ferait bien de s’en inspirer et également d’accroître ce genre de facultés avec les commissions et les groupes du Conseil général. Cela lui aurait certainement permis de transformer efficacement le bâtiment sis rue Guillaume-Farel tout en restant dans le budget et dans les délais.
Comment on est-on arrivé là ? En avril 2018, le Conseil communal présentait un premier rapport sur l’acquisition du bâtiment et sur une demande de crédit d’étude. Ce rapport avait été accepté nettement par l’ensemble des groupes, mais chacun avait été extrêmement clair sur les coûts à venir et la ligne rouge à ne pas dépasser. Nous vous invitons à lire le procès-verbal du 23 avril 2018 pour plus de détails. Le mandat du Conseil général était limpide : Oui, nous voulons une structure d’accueil parascolaire, mais attention, le prix évoqué en 2018 est déjà bien cher, merci de le réduire.
Puis, plus rien ! Silence radio ! Les commissions ne sont pas associées aux travaux. Le 24 janvier dernier, la commission financière reçoit un rapport-ultimatum qui dit en substance : « Voilà le projet, il coûte 30 % de plus que prévu, mais si vous ne l’acceptez pas, on ne va pas pouvoir “caser” les enfants à la rentrée 2020 ». Comme l’a rappelé le rapporteur de la Commission financière, les informations contenues dans le rapport étaient lacunaires. Impossible de calculer un prix de référence, que ce soit par m2 ou par enfant.
Le lundi 4 février à 17 h 34, soit moins de 2 heures avant la séance du Conseil général devant traiter du dossier, le Conseil communal envoie un e-mail contenant quelques chiffres et une comparaison entre le coût supposé du nouveau Cerf-Volant et d’autres établissements équivalents sur la Riviera lémanique notamment. Pas besoin d’avoir fréquenté la très bonne université de Neuchâtel pour comprendre que les conditions à Lancy ou Prangins ne sont pas les mêmes qu’à Serrières. Les membres du Conseil général demandent alors une interruption de séance et obtiennent 15 minutes pour étudier ce nouveau document et préparer leurs questions. Il ne sera malheureusement pas répondu à un certain nombre d’entre elles en plénum, car « elles n’ont pas été transmises en avance ».
Vous le savez, le rapport a finalement été accepté, car il était important pour la Ville et ses habitants d’avoir à disposition cette structure d’accueil. Mais pour bon nombre d’entre nous, c’est avec un couteau sous la gorge que nous avons voté. Le manque de dialogue, d’anticipation et de recherche de solution ont cependant mis à mal ce rapport. La grogne du Conseil général était palpable et nous espérons que le Conseil communal l’a bien ressentie. C’est triste… il s’agit pourtant d’un beau projet et d’une noble cause !

(Article paru dans “Vivre la Ville” du 20 février 2019)

La liberté de mouvement contre celle de posséder une arme

Comme la majorité des tireurs du canton, l’annonce de l’aboutissement du référendum contre la révision de la loi sur les armes me fait plaisir. D’une part parce que je suis attaché à notre système de démocratie directe où le peuple peut avoir le dernier mot sur un objet d’intérêt national et d’autre part, car on pourra débattre de nos traditions, de notre rapport aux armes et surtout de notre envie de rester dans le cadre des accords de Schengen et de Dublin.

La libre circulation des personnes proposée par l’accord de Schengen apporte des avantages indéniables, tant pour les citoyens comme touristes que pour l’économie suisse. Une étude réalisée pour la Confédération estime qu’une sortie de Schengen pourrait avoir un impact négatif de 3.7 % sur le PIB et de 5.6 % sur les exportations. Schengen fait du bien à l’économie et ce sera là l’un des principaux arguments de la campagne en faveur de la révision de la loi sur les armes. Mais comment peut-on parvenir à une équation qui mêle exportations et plaisir de tirer ? J’aime ma liberté de mouvement en Europe, je souhaite que les industries d’exportations suisses puissent profiter de facilités dans leurs échanges commerciaux, mais je n’aime pas être vu comme un criminel parce que je possède des armes traditionnelles qui seront bientôt proscrites.

Le tir sportif est une discipline qui nécessite de la concentration, du calme et de la maîtrise de soi. Cette discipline constitue une grande tradition au sein de notre pays. La fédération sportive suisse de tir compte plus de 130’000 membres et 2’600 clubs. Si l’on rajoute les tireurs occasionnels et les collectionneurs, on constate qu’il n’y a pas que « 2-3 fêlés de la gâchette » qui apprécient ce sport. La tradition helvétique de la remise de l’arme de service au militaire après l’accomplissement de ses obligations est également mise à mal. Le Conseil fédéral a effectivement trouvé un « compromis » qui permet au citoyen-soldat de garder son arme après son service, mais cette dernière deviendra interdite s’il souhaite la transmettre à ses enfants ou en cas d’héritage. Je tiens également à rappeler que les armes automatiques sont déjà interdites en Suisse et que les armes qui ont malheureusement servi pour les attentats en France ou en Belgique ces dernières années étaient déjà parfaitement illégales. La nouvelle loi telle que proposée ne propose donc pas de solution concrète pour empêcher l’accès aux armes par des criminels et des terroristes, mais ne fait que criminaliser les citoyens qui souhaitent garder l’arme de service du papa.

Le débat s’annonce passionné et passionnant. Le référendum qui nous attend opposera malheureusement deux thèmes qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. La liberté de mouvement contre celle de posséder une arme, c’est un choix difficile pour le PLR-tireur que je suis. Quel que soit le résultat des urnes, nous perdrons une part essentielle de ce qui fait de nous des Suisses.

(Texte publié dans “Libertés Neuchâteloises” du 17.01.2019)

Culture Pub… ou presque !

Lors de sa séance du 29 octobre dernier, le Conseil général a été appelé à traiter d’une motion socialiste demandant l’interdiction de l’affichage publicitaire à vocation commerciale sur le territoire communal.

Et voilà, une interdiction supplémentaire ! Parce que le slogan « Il est interdit d’interdire » largement scandé il y a exactement 50 ans par le même mouvement politique semble avoir été oublié. Reprenons les choses calmement et dans l’ordre. Selon les motionnaires la publicité est mauvaise, et ce pour 3 raisons ; d’abord, elle constitue une « pollution visuelle » dans notre Ville. Ensuite, elle influence négativement les consommateurs, notamment en favorisant l’endettement des jeunes. Finalement, elle « gêne » la mobilité dans les zones piétonnes. Le PS propose donc d’interdire la publicité commerciale, mais reste favorable à la publicité culturelle ou politique.
Toulouse - Place de la Patte d'Oie - 20110115 (1)

La première question que l’on peut donc se poser est la limite entre publicité commerciale ou culturelle. Une affiche pour se prendre 140 décibels à la Case-à-choc serait donc bienvenue, contrairement à celle qui nous propose de manger un carré de choc. Soit, mais que se passera-t-il lorsque le Cirque Knie arrivera en Ville ? Peut-on encore estimer que cette entreprise est un vecteur de culture ou qu’elle suit plutôt un but commercial ? Il serait dommageable de devoir créer une place de « délégué à la publicité sur l’espace communal » grassement rémunérée pour régler ce genre de problèmes.

Concernant la gêne ou la pollution visuelle générée, le groupe PLR estime que nous sommes très loin ici des excès qui, en France notamment, ont suscité des lois antipubs. Il est vrai que toutes les campagnes de publicité ne méritent pas de figurer dans la fameuse émission « Culture Pub ». On peut regretter le manque d’imagination de telle ou telle marque, mais considérer l’ensemble de la publicité commerciale comme une pollution visuelle semble exagéré.

Finalement, insinuer que l’interdiction de l’affichage permettra de réduire le consumérisme ou l’endettement des jeunes fait preuve d’une naïveté coupable. D’une part, la publicité est visible partout. Sur Internet, les réseaux sociaux, dans la presse écrite (même le sérieux Vivre la Ville), à la télévision et dans notre stade fétiche, propriété de la Ville. La tribune C porte le nom d’une entreprise active dans les ressources humaines et un secteur celui d’un opérateur téléphonique. Faudra-t-il les débaptiser et ainsi faire perdre une ressource financière importante pour notre club ? Car oui, la publicité rapporte de l’argent, également à la Ville. Pour être efficace, c’est l’ensemble de la publicité sur tous les supports qui devrait être supprimée. C’est même le but avoué par le représentant de la gauche de la gauche lors de la séance du 29 octobre.

Sous de faux airs de protection du consommateur, cette motion fait preuve d’un autoritarisme rare sous nos latitudes. Les citoyens n’ont pas besoin d’être protégés contre les méchantes marques par une minorité de soi-disant bien-pensants, les citoyens ont besoin d’être informés. À eux de se faire leur propre opinion de manière libre et responsable.

(Article paru dans le Vivre la Ville du 28 novembre 2018)