Politique

Prévoir l’informatique du futur

L’informatique est devenue la colonne vertébrale des collectivités publiques. Le Centre électronique de gestion (CEG), comme fournisseur de prestations pour l’ensemble (ou presque) des communes du canton constitue un outil de poids dans notre indépendance numérique. Philosophiquement, il est gênant de perdre un service qui fonctionne bien et qui en plus participe favorablement à nos finances pas toujours exemplaires.
On comprend cependant que de nombreux défis – des investissements lourds à prévoir et des incertitudes fortes liées à certains bénéficiaires de prestations – mènent le Conseil communal à s’interroger sur l’opportunité de conserver l’indépendance de cet outil ou de le mutualiser avec le service cantonal de l’informatique (SIEN).

Le CEG, pionnier en Romandie a fêté ses 50 ans

Le rapprochement entre le CEG et le SIEN se justifie pour plusieurs raisons :
Premièrement, le CEG agit comme fournisseur de prestations informatiques pour la Ville et toutes les autres communes neuchâteloises. Il développe également des systèmes pour HNe, pour les écoles du canton ou pour d’autres communes de Romandie, il est donc de facto un acteur supra-communal.
Deuxièmement, les regroupements de services doivent permettre de mutualiser les investissements coûteux que génère une informatique sûre et de qualité.
Troisièmement, il est important que les données liées aux administrés soient gérées par un acteur public. Par exemple, il est fondamental que le registre d’état-civil reste en mains étatiques.
Finalement, il semble raisonnable de penser qu’un regroupement au niveau régional ou romand soit nécessaire à moyen terme. Posséder une entité forte et efficace nous permettra ainsi de faire valoir nos arguments et de conserver une mainmise et des emplois à Neuchâtel.

Le groupe PLR est satisfait par l’acceptation de ce rapport et remercie chaleureusement le directeur et les employés du CEG pour le bon travail qu’ils ont fourni tout au long de ces dernières années. Nous resterons cependant très vigilants en ce qui concerne les coûts informatiques dans le futur.

(Article paru dans le “Vivre la Ville” du 14.11.2018)

Vous reprendrez bien un peu de gloubi-boulga ?

Voici venu le temps des rires et des chants, sur les réseaux sociaux, n’on est de loin pas impartiaux… C’est la petite mélodie qui me trotte ces temps dans la tête quand je lis les commentaires et arguments politiques et de comptoir de bistro dans les médias. Les GAFA’s (Google, Apple, Facebook, Amazon), Oxford Analytica, la loi sur les jeux d’argents, la nouvelle loi européenne sur la protection des données, toutes ces discussions plus ou moins techniques qui se mélangent et qui finissent en grosse masse indigeste.

Or donc, « on » a remarqué avec étonnement que les données figurant sur les réseaux sociaux servent à faire du marketing ciblé. Quelle chose étrange ! Vite, dépêchons-nous d’interdire ! « on » a également remarqué que des petits filous, ne trouvant pas en Suisse des services qui leur plaisent, sont obligés de franchir les frontières numériques de la Suisse pour aller acheter des livres chez Amazon ou, crime de majesté suprême, jouer en ligne dans des casinos étrangers ! Vite, dépêchons-nous d’interdire !

En novembre 2016, à l’assemblée des délégués du PLR, le groupe des délégués neuchâtelois avait soutenu unanimement un papier de position concernant les opportunités de la digitalisation. Ce dernier préconisait des principes libéraux pour la digitalisation. Une des exigences du parti était notamment d’ « éviter des interventions étatiques » dans la gestion des réseaux. Et voilà qu’on s’apprête à autoriser le filtrage des communications entre la Suisse et l’étranger. Certains parlent même de censure.

Quid des principes libéraux ?

Donc, selon toute vraisemblance, le 10 juin au soir le Peuple souverain acceptera la nouvelle loi sur les jeux d’argents – qui amène il faut le souligner des améliorations remarquables en ce qui concerne les gains et leur répartition – mais qui malheureusement ouvrira la boîte de Pandore. Un précédent sera créé, il devient possible de bloquer l’accès à certains sites et services dont l’État estime qu’ils sont néfastes pour l’économie ou le fisc.

Où sont donc passés les principes libéraux pour la digitalisation prônés par le PLR ? Le filtrage de l’internet est-il un mal pour un bien, ou est-ce les prémisses d’un contrôle accru du réseau ? Comment peut-on « Réduire les obstacles commerciaux aux services numériques » tout en créant des obstacles physiques supplémentaires ?

Bref, je me pose beaucoup trop de questions. À l’instar de Winston Smith, je ferais certainement mieux d’accepter la Vérité afin de vivre heureux dans notre si joli petit monde. Tout est beau, c’est le pays joyeux des enfants heureux.

(Article paru dans “Libertés Neuchâteloises” du 1er juin 2018)

Les assemblées citoyennes, la fausse bonne idée du Conseil communal

Dans son rapport de législature 2018-2021, le Conseil communal revient avec l’idée qu’il avait déjà tentée de faire passer en douce avec le projet de fusion de 2016 : créer des assemblées citoyennes “pour sentir le pouls de la population”. Ces assemblées, auxquelles tous les habitants, y compris ceux qui n’ont pas le droit de vote, pourraient participer. Elles serviraient à débattre « officiellement » des sujets qui préoccupent les citoyens et à transmettre des requêtes et propositions au Conseil général ou au Conseil communal. Bien entendu, les réunions bénéficieront de l’appui des services de la Ville pour la logistique, la préparation, la convocation et la transmission de demandes aux autorités législatives ou exécutives.
En gros, le Conseil communal souhaite rajouter une couche au gâteau complexe de la gouvernance de notre belle ville. Neuchâtel compte pourtant déjà seize associations de quartier, un parlement des jeunes, un Conseil général avec onze commissions. Or que constate-t-on ? Ces dernières années, malgré les nombreuses et réitérées demandes du Conseil général ou de ses commissions, le Conseil communal a pris les fâcheuses habitudes de soit ne pas répondre à satisfaction ou dans les délais aux demandes, soit de s’obstiner à refuser d’intégrer les commissaires en amont des projets importants pour la Ville. Du coup, régulièrement le Conseil général est informé à peine quelques heures avant la presse sur les options du Conseil communal et n’a plus la possibilité d’apporter un peu de « bon sens » dans les projets.
On constate également que les courriers des associations de quartier n’ont pas beaucoup plus d’écho au sein de l’exécutif. À titre d’exemple, lorsque l’Association de quartier de La Coudre, Monruz et Portes-Rouges s’inquiétait des suites de la mise à l’enquête publique d’un nouveau projet immobilier comprenant 286 logements, le Conseil communal n’a pas été pressé de répondre aux questions posées formellement par l’association.

Pourquoi dépenser davantage d’argent pour un « machin » supplémentaire, alors que les outils de démocratie directe fonctionnent ?

Dans une période où la Ville devrait devenir plus efficace, tant pour ses processus que dans sa gestion financière, la mise en place d’assemblées citoyennes semble complètement illogique. Pourquoi dépenser davantage d’argent pour un « machin » supplémentaire, alors que les outils de démocratie directe fonctionnent ? Il est déjà en tout temps possible pour un citoyen d’interpeler une association de quartier, un élu ou un groupe politique pour lui faire part de ses idées. Régulièrement, le groupe PLR du Conseil général rencontre les associations de quartier qui le désirent. S’il le faut, les citoyens peuvent également faire usage des droits de référendum et d’initiative au niveau communal.
Les habitants de la ville méritent d’être entendus par les autorités. Mais que le Conseil communal, qui a été particulièrement sourd ces dernières années, ne tente pas de faire croire que ces nouvelles assemblées amèneront une plus-value aux outils démocratiques. La Ville devrait plutôt mettre à profit les forces vives du Conseil général et impliquer les commissaires dès les premières étapes des projets. Cela coûtera moins cher et sera certainement plus efficace.

(Article paru dans “Vivre la Ville” du 7 février 2018)

Le beurre, l’argent du beurre et la crémière venue de Berne

Le canton de Neuchâtel n’a pas de budget, les villes voient leurs déficits grimper, mais une chose reste cependant présente chez les argentiers publics : l’optimisme ! Un optimisme rare, qui tend plus vers l’autosuggestion qu’autre chose. On n’a plus de sous, alors c’est le moment d’investir. La nouvelle loi sur les finances publiques nous oblige à revaloriser nos immeubles, chouette, ça fera davantage d’argent. Or ces écritures comptables ne rajoutent pas le moindre centime en cash sur les comptes des entités publiques. Tout au plus elles nous permettent d’emprunter encore davantage et d’augmenter des dettes déjà considérables.
Cet optimisme est contrebalancé par la morosité de la classe moyenne neuchâteloise. Celle-là qui gagne trop pour vivre des subsides, mais pas assez pour pouvoir optimiser ses relations fiscales. On nous demande toujours plus d’efforts, un point d’impôt par ci, une prestation supplémentaire par-là, ah et vous n’oublierez pas l’émolument de 40 CHF pour votre attestation fiscale prouvant que vous êtes en règle mon bon monsieur. Contrairement au droit pénal où on est supposé innocent tant que l’on n’a pas été reconnu coupable, le droit fiscal nous condamne d’avance et c’est à nous de prouver notre honnêteté.

Économisons, oui, mais pas dans mon domaine !
Timidement, l’État tente de réduire la voilure. Il propose une optimisation hospitalière, le peuple la refuse pour les raisons que l’on connaît. Il propose la fermeture d’une école de musique, certes remplie de talents, mais qui pourrait s’intégrer dans une vision romande plus large avec celle de Genève et là, même constat, la grogne monte. À chaque proposition d’économie, que ce soit dans la culture, l’éducation, le social, même constat, on comprend la nécessité d’économiser, mais s’il-vous-plaît, surtout pas dans [insérez votre domaine de prédilection ici].

L’avenir ne semble pas non plus très bien engagé. J’ai beau être un politicien de milice, avec mes qualités (si si) et mes défauts (désolé), mais j’ai de la peine à retrouver au sein du Grand conseil une représentation équilibrée de la population neuchâteloise. En caricaturant, on peut dire qu’il s’y trouve un tiers d’avocats, un cinquième de vignerons et une moitié de fonctionnaires ou d’employés du domaine parapublic. On l’a vu avec le décret concernant l’initiative sur la défiscalisation des primes d’assurance-maladie, les juristes amènent autant de soucis qu’ils en résolvent. Les fonctionnaires sont eux directement touchés par les décisions qui font mal au canton. Combien de députés sont-ils directement touchés par des modifications du système de prevoyance.ne ? Et combien se sont-ils récusés lors de ces discussions ? Heureusement, il reste les vignerons, seule confrérie susceptible d’adoucir les séances de commission.

Sous tutelle, on oublierait ses querelles ?
Il arrive des moments où mon cauchemar de voir le canton mis sous tutelle de Berne m’offre cependant une lueur d’espoir. Peut-être que le traumatisme que cela engendrerait permettrait à la population neuchâteloise de s’unir à nouveau vers un but commun ? Peut-être oublierait-elle ses querelles de clocher pour se concentrer sur l’essentiel ? Savoir dépenser en fonction de ses moyens, éviter de confondre le contribuable avec un citron juteux, trouver des solutions pragmatiques et surtout vivre dans son temps et non dans le souvenir d’une gloire passée.
Ces élucubrations terminées, il reste à se poser une question. Et que fait-on maintenant ? Une chose est sûre, le canton ne peut pas continuer à dépenser de l’argent qu’il n’a pas. Il ne peut pas non plus exiger davantage des impôts sur les personnes physiques, les villages-champignons à Gals et Cudrefin le prouvent. Alors ? Eh bien oui, il faut savoir couper là où on peut. Même si parfois ça fait mal. Et il faut aussi que la gauche comprenne que son rôle n’est pas de défendre une caste de fonctionnaires privilégiée (« pour tous et sans privilèges » ? vraiment ?), mais bien de collaborer activement au redressement du canton.

On reste loin « du sang et des larmes » promis par Churchill en temps de guerre, nous ne sommes pas encore à ce stade, mais des décisions impopulaires doivent être prises sans quoi c’est l’entier de la construction « Canton de Neuchâtel » qui va s’écrouler. Le jour ou l’envoyé de la Confédération viendra nous apprendre à tenir un carnet du lait, en précisant qu’on ne peut pas dépenser plus que ce que l’on reçoit, semble se rapprocher. Si ce jour arrive, nous aurons perdu non seulement la partie, mais également toute crédibilité envers les autres partenaires politiques, économiques, culturels et sociaux de Suisse et d’ailleurs.

(Article paru dans “Libertés neuchâteloises” du 2 février 2017)

Le nouveau règlement communal des finances – un dossier technique qui laisse peu de marge de manœuvre.

À l’heure où la Ville de Neuchâtel annonce un déficit de 4 millions de francs et que le canton annonce lui 74 millions dans le rouge, la tentation de fignoler un règlement communal des finances qui change la donne est forte. Les membres PLR de la commission financière espéraient beaucoup des nombreuses séances prévues pour finaliser ce règlement. Or, gros désespoir, il n’était pas possible de faire changer grand-chose, tant la loi cantonale sur les finances de l’État et des communes (LFinEC) empêche toute velléité progressiste. Pire encore, dans un règlement qui fait la part belle au Conseil communal (notamment en relevant ses compétences financières de 135’000 à 250’000 francs ou en lui attribuant l’ensemble des décisions concernant la gestion du patrimoine financier), ce dernier fait un ultime pied de nez au conseil général en voulant lui interdire de connaître les montants des transactions immobilières pour « préserver le secret des affaires ». Nous comprenons la discrétion nécessaire, mais nous refusons que les commissaires aux finances, assermentés et soumis au secret de fonction, ne puissent pas avoir accès aux chiffres exacts.

Quant à la gestion du patrimoine financier, si les nouvelles dispositions avaient été en vigueur à l’époque, le Conseil communal aurait pu acheter la Villa Perret pour plus de 4 millions sans passer par le Conseil général, il aurait pu vendre « Cité-Joie » sans nous permettre de l’interroger au préalable sur l’implication politique de cette vente. Heureusement, la commission financière a réussi à faire inscrire dans le règlement l’obligation d’informer ladite commission. Même si cette dernière n’a plus le pouvoir de préaviser un achat ou une vente, elle pourra au moins peut-être apporter une vision politique aux décisions de l’exécutif.

Le groupe PLR veut que le dialogue entre l’exécutif et le législatif reste ouvert et constructif. Nous voulons comprendre les motivations du Conseil communal lors de transferts immobiliers, connaître les aspects financiers et politiques qu’ils engendrent et nous espérons vivement que le climat de confiance entre la commission financière et l’exécutif continue à se développer de manière positive.

(texte publié dans le “Vivre la Ville” du 10.05.2017)