Dans son rapport de législature 2018-2021, le Conseil communal revient avec l’idée qu’il avait déjà tentée de faire passer en douce avec le projet de fusion de 2016 : créer des assemblées citoyennes “pour sentir le pouls de la population”. Ces assemblées, auxquelles tous les habitants, y compris ceux qui n’ont pas le droit de vote, pourraient participer. Elles serviraient à débattre « officiellement » des sujets qui préoccupent les citoyens et à transmettre des requêtes et propositions au Conseil général ou au Conseil communal. Bien entendu, les réunions bénéficieront de l’appui des services de la Ville pour la logistique, la préparation, la convocation et la transmission de demandes aux autorités législatives ou exécutives.
En gros, le Conseil communal souhaite rajouter une couche au gâteau complexe de la gouvernance de notre belle ville. Neuchâtel compte pourtant déjà seize associations de quartier, un parlement des jeunes, un Conseil général avec onze commissions. Or que constate-t-on ? Ces dernières années, malgré les nombreuses et réitérées demandes du Conseil général ou de ses commissions, le Conseil communal a pris les fâcheuses habitudes de soit ne pas répondre à satisfaction ou dans les délais aux demandes, soit de s’obstiner à refuser d’intégrer les commissaires en amont des projets importants pour la Ville. Du coup, régulièrement le Conseil général est informé à peine quelques heures avant la presse sur les options du Conseil communal et n’a plus la possibilité d’apporter un peu de « bon sens » dans les projets.
On constate également que les courriers des associations de quartier n’ont pas beaucoup plus d’écho au sein de l’exécutif. À titre d’exemple, lorsque l’Association de quartier de La Coudre, Monruz et Portes-Rouges s’inquiétait des suites de la mise à l’enquête publique d’un nouveau projet immobilier comprenant 286 logements, le Conseil communal n’a pas été pressé de répondre aux questions posées formellement par l’association.
Pourquoi dépenser davantage d’argent pour un « machin » supplémentaire, alors que les outils de démocratie directe fonctionnent ?
Dans une période où la Ville devrait devenir plus efficace, tant pour ses processus que dans sa gestion financière, la mise en place d’assemblées citoyennes semble complètement illogique. Pourquoi dépenser davantage d’argent pour un « machin » supplémentaire, alors que les outils de démocratie directe fonctionnent ? Il est déjà en tout temps possible pour un citoyen d’interpeler une association de quartier, un élu ou un groupe politique pour lui faire part de ses idées. Régulièrement, le groupe PLR du Conseil général rencontre les associations de quartier qui le désirent. S’il le faut, les citoyens peuvent également faire usage des droits de référendum et d’initiative au niveau communal.
Les habitants de la ville méritent d’être entendus par les autorités. Mais que le Conseil communal, qui a été particulièrement sourd ces dernières années, ne tente pas de faire croire que ces nouvelles assemblées amèneront une plus-value aux outils démocratiques. La Ville devrait plutôt mettre à profit les forces vives du Conseil général et impliquer les commissaires dès les premières étapes des projets. Cela coûtera moins cher et sera certainement plus efficace.
(Article paru dans “Vivre la Ville” du 7 février 2018)