Vous reprendrez bien un peu de gloubi-boulga ?

Voici venu le temps des rires et des chants, sur les réseaux sociaux, n’on est de loin pas impartiaux… C’est la petite mélodie qui me trotte ces temps dans la tête quand je lis les commentaires et arguments politiques et de comptoir de bistro dans les médias. Les GAFA’s (Google, Apple, Facebook, Amazon), Oxford Analytica, la loi sur les jeux d’argents, la nouvelle loi européenne sur la protection des données, toutes ces discussions plus ou moins techniques qui se mélangent et qui finissent en grosse masse indigeste.

Or donc, « on » a remarqué avec étonnement que les données figurant sur les réseaux sociaux servent à faire du marketing ciblé. Quelle chose étrange ! Vite, dépêchons-nous d’interdire ! « on » a également remarqué que des petits filous, ne trouvant pas en Suisse des services qui leur plaisent, sont obligés de franchir les frontières numériques de la Suisse pour aller acheter des livres chez Amazon ou, crime de majesté suprême, jouer en ligne dans des casinos étrangers ! Vite, dépêchons-nous d’interdire !

En novembre 2016, à l’assemblée des délégués du PLR, le groupe des délégués neuchâtelois avait soutenu unanimement un papier de position concernant les opportunités de la digitalisation. Ce dernier préconisait des principes libéraux pour la digitalisation. Une des exigences du parti était notamment d’ « éviter des interventions étatiques » dans la gestion des réseaux. Et voilà qu’on s’apprête à autoriser le filtrage des communications entre la Suisse et l’étranger. Certains parlent même de censure.

Quid des principes libéraux ?

Donc, selon toute vraisemblance, le 10 juin au soir le Peuple souverain acceptera la nouvelle loi sur les jeux d’argents – qui amène il faut le souligner des améliorations remarquables en ce qui concerne les gains et leur répartition – mais qui malheureusement ouvrira la boîte de Pandore. Un précédent sera créé, il devient possible de bloquer l’accès à certains sites et services dont l’État estime qu’ils sont néfastes pour l’économie ou le fisc.

Où sont donc passés les principes libéraux pour la digitalisation prônés par le PLR ? Le filtrage de l’internet est-il un mal pour un bien, ou est-ce les prémisses d’un contrôle accru du réseau ? Comment peut-on « Réduire les obstacles commerciaux aux services numériques » tout en créant des obstacles physiques supplémentaires ?

Bref, je me pose beaucoup trop de questions. À l’instar de Winston Smith, je ferais certainement mieux d’accepter la Vérité afin de vivre heureux dans notre si joli petit monde. Tout est beau, c’est le pays joyeux des enfants heureux.

(Article paru dans “Libertés Neuchâteloises” du 1er juin 2018)