Lors de sa séance du 29 octobre dernier, le Conseil général a été appelé à traiter d’une motion socialiste demandant l’interdiction de l’affichage publicitaire à vocation commerciale sur le territoire communal.
Et voilà, une interdiction supplémentaire ! Parce que le slogan « Il est interdit d’interdire » largement scandé il y a exactement 50 ans par le même mouvement politique semble avoir été oublié. Reprenons les choses calmement et dans l’ordre. Selon les motionnaires la publicité est mauvaise, et ce pour 3 raisons ; d’abord, elle constitue une « pollution visuelle » dans notre Ville. Ensuite, elle influence négativement les consommateurs, notamment en favorisant l’endettement des jeunes. Finalement, elle « gêne » la mobilité dans les zones piétonnes. Le PS propose donc d’interdire la publicité commerciale, mais reste favorable à la publicité culturelle ou politique.
La première question que l’on peut donc se poser est la limite entre publicité commerciale ou culturelle. Une affiche pour se prendre 140 décibels à la Case-à-choc serait donc bienvenue, contrairement à celle qui nous propose de manger un carré de choc. Soit, mais que se passera-t-il lorsque le Cirque Knie arrivera en Ville ? Peut-on encore estimer que cette entreprise est un vecteur de culture ou qu’elle suit plutôt un but commercial ? Il serait dommageable de devoir créer une place de « délégué à la publicité sur l’espace communal » grassement rémunérée pour régler ce genre de problèmes.
Concernant la gêne ou la pollution visuelle générée, le groupe PLR estime que nous sommes très loin ici des excès qui, en France notamment, ont suscité des lois antipubs. Il est vrai que toutes les campagnes de publicité ne méritent pas de figurer dans la fameuse émission « Culture Pub ». On peut regretter le manque d’imagination de telle ou telle marque, mais considérer l’ensemble de la publicité commerciale comme une pollution visuelle semble exagéré.
Finalement, insinuer que l’interdiction de l’affichage permettra de réduire le consumérisme ou l’endettement des jeunes fait preuve d’une naïveté coupable. D’une part, la publicité est visible partout. Sur Internet, les réseaux sociaux, dans la presse écrite (même le sérieux Vivre la Ville), à la télévision et dans notre stade fétiche, propriété de la Ville. La tribune C porte le nom d’une entreprise active dans les ressources humaines et un secteur celui d’un opérateur téléphonique. Faudra-t-il les débaptiser et ainsi faire perdre une ressource financière importante pour notre club ? Car oui, la publicité rapporte de l’argent, également à la Ville. Pour être efficace, c’est l’ensemble de la publicité sur tous les supports qui devrait être supprimée. C’est même le but avoué par le représentant de la gauche de la gauche lors de la séance du 29 octobre.
Sous de faux airs de protection du consommateur, cette motion fait preuve d’un autoritarisme rare sous nos latitudes. Les citoyens n’ont pas besoin d’être protégés contre les méchantes marques par une minorité de soi-disant bien-pensants, les citoyens ont besoin d’être informés. À eux de se faire leur propre opinion de manière libre et responsable.
(Article paru dans le Vivre la Ville du 28 novembre 2018)