Refuser la loi c’est donner davantage de pouvoir aux GAFAM.

Mélanger les technologies de l’information et la politique, c’est pour moi la cerise sur le gâteau 🙂 . Informaticien de profession, politicien de milice, ces mondes se frôlent souvent, mais rarement se rejoignent. Avec la votation sur l’e-ID c’est enfin le cas.

L’e-ID, c’est quoi ? L’identification électronique est une vérification que celui qui se trouve derrière son clavier est bien celui qu’il prétend être. Concrètement, il peut s’agir d’une application pour smartphone, comme le font la plupart des banques actuellement, d’une clé USB avec un code particulier ou d’une sorte de certificat numérique dont vous seul connaissez le mot de passe.

L’e-ID, à quoi ça sert ? Dans le canton de Neuchâtel, nombreux sont les utilisateurs qui accèdent au Guichet Unique pour leurs prestations de tous les jours avec les impôts (beark), pour consulter le carnet de notes de leurs enfants chéris, ou pour commander un extrait du registre des poursuites par exemple. Pour accéder à ces services, vous avez dû vous enregistrer et aller prouver en personne à un guichet « humain » que vous étiez bien vous-même. Une fois cette vérification effectuée, vous avez accès au Guichet Unique. L’e-ID correspond à cette vérification et vous permettra d’accéder a davantage de services, partout en Suisse. Du guichet virtuel des impôts jusqu’à votre marchand de babioles préféré. 

L’e-ID ne devrait être délivré que par des autorités officielles : là je l’avoue, ma préférence irait aussi dans ce sens, mais il faut garder à l’esprit 2 choses ; la première, c’est que nos beaux passeports suisses ne sont pas réalisés dans les imprimeries de l’État. L’état collecte les données et les vérifie et c’est ensuite une entreprise privée qui imprime votre photo et qui grave vos données biométriques dans la puce du passeport, le principe serait le même avec l’e-ID. Deuxièmement, il existe un terme, la « séparation des tâches » qui insiste pour que ce ne soit pas celui qui établit une règle qui doit l’appliquer. L’État défini donc les règles et certifie les entreprises qui répondent à ces critères. La concurrence entre les entreprises est un facteur positif pour l’innovation.

Que se passe-t-il si la loi est refusée ? : Le besoin d’identité numérique existe et fait actuellement cruellement défaut. L’échange de courriels a besoin d’être signé et validé juridiquement. Or, si aucune décision n’est rapidement prise, les acteurs actuels (et principalement américains) vont vite s’emparer du marché. Des organismes de certification proposent déjà des signatures numériques, Google et Facebook des systèmes des logins multiplateformes. N’avez-vous jamais été étonné qu’un site de e-commerce suisse vous propose de vous identifier en utilisant votre compte Google ? Refuser la loi, c’est donner encore plus d’avantages concurrentiels aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Ces derniers n’étant bien entendu pas soumis aux mêmes règles de traitement des données personnelles que la loi propose. 

Je vous invite donc à soutenir la loi sur l’e-ID, même si ce n’est pas la panacée universelle, elle apporte le maillon indispensable pour la digitalisation des services que la Suisse espère.

Pour tou.te.s, sans privilège.s, sauf si…

Lors de la prochaine session du Grand Conseil, une fois que les thèmes importants pour le Canton auront été débattus, un postulat socialiste demandant des CV anonymisés[1] devrait être abordé. Le parti à la rose demande de mettre en place des formes de recrutement non discriminantes d’une part pour les collectivités publiques, mais souhaite également étendre cette mesure à tous les employeurs du canton.

L’idée de supprimer les discriminations à l’embauche n’est pas nouvelle et poursuit un but noble. De nombreuses études, notamment françaises, ont démontré que des CV anonymisés passaient plus facilement le premier tri dans les Pôles Emplois que ceux qui donnaient des informations sur le genre, la provenance ou l’ethnie des candidats. Malheureusement, une fois cette première étape franchie, lorsqu’il s’agit de rencontrer le ou la candidate, il n’y a plus de paravent. Ce postulat ne ferait donc que retarder le moment d’une éventuelle discrimination.

Sans vouloir développer davantage les arguments qui démontrent le scepticisme du groupe PLR concernant ce postulat, je voulais surtout mettre en évidence le grand écart des collègues à la gauche de notre hémicycle. Le même parti socialiste mène actuellement une campagne pour favoriser la discrimination (dite positive, mais ça laisse quand même des gens sur le carreau) au sein de la représentation des genres au Grand Conseil. L’initiative cantonale pour la parité sur les listes électorales demande à ce qu’au moins 50 % des candidatures soient féminines… et cela va complètement à l’encontre de l’esprit du postulat qui nous est proposé !

Dans le texte du postulat, on veut anonymiser des informations personnelles pour mettre en avant les capacités d’une personne à remplir une fonction. Dans l’initiative, les mêmes auteurs souhaitent mettre en avant des informations sans rapport avec la faculté de remplir un mandat et discriminer d’éventuels candidats uniquement à cause de leur genre. 

Si l’on pousse le raisonnement à ses limites, peut-être que dans quelques années les listes électorales ne contiendront plus de noms, plus de photos, plus d’appartenance politique (qui reste une donnée sensible), plus de genre et encore moins d’orientation sexuelle ni plus d’informations géographiques (de toute façon c’est une circonscription unique). Un bulletin de vote anonymisé qui permettrait certainement un dépouillement plus rapide et plus fiable que le système actuel.

Notre démocratie et nos entreprises ont besoin de pouvoir compter sur des personnes compétentes et formées à leurs tâches. À compétence égale il est parfois juste de donner un coup de pouce en faveur des minorités, mais ce coup de pouce ne doit pas se transformer en usine à gaz incohérente. 

(Texte paru dans Libertés Neuchâteloises en janvier 2021)


[1] Postulat 20.175: CV anonymisés pour lutter contre les discriminations ? https://www.ne.ch/autorites/GC/objets/Documents/Postulats/2020/20175.pdf

La page du 37e chapitre se tourne

Au 31 décembre se tournera définitivement la page de la 37e législature de la Ville de Neuchâtel. Ce chapitre, palpitant, aura vu des intrigues de palais, la démission d’un édile, une valse-hésitation quant à la fusion et finalement, dans les toutes dernières lignes, la perte de la majorité absolue de la gauche à l’exécutif. Dans ce tome, vous avez eu l’occasion de découvrir une cinquantaine de personnages romanesques, ainsi que des intrigues moins croustillantes que par le passé, mais politiquement passionnantes. 

Au niveau des héros, outre les Conseillers communaux bien connus de tous, figurent encore quarante et un membres du Conseil général. 41, treizième nombre premier et indicatif téléphonique de la Suisse. Ces deux valeurs, parfaitement inutiles, permettraient certainement à Dan Brown de créer un nouveau roman où l’on découvrirait les passages secrets menant au « Réduit », lieu discret ou les grandes décisions se prennent. Car oui, le travail parlementaire se déroule principalement derrière des portes closes, en séance de commission ou en groupe de travail. La grand-scène, une fois par mois, permet au public d’assister à des plaidoyers plus qu’à des débats. Certains ténors y attirent la lumière, d’autres, plus discrets, se satisfont du compromis négocié avec les autres groupes et qui permettent à la Ville et à ses habitants d’obtenir des prestations dans les meilleures conditions possibles. 

Une chose cependant reste remarquable. L’immense majorité des acteurs de cette épopée fait son travail avec cœur et conviction ! Ils et elles travaillent pour le bien de leur Ville et de leur communauté et ne rechignent pas à la besogne. C’est vrai qu’il faut du courage. En quatre ans, ce sont plusieurs écuries d’Augias qu’il aura fallu nettoyer, notamment celle située dans les bâtiments du service de l’urbanisme. Chaque année, il aura fallu se battre pour un budget équilibré et contre une dette qui s’apparente toujours à une hydre centenaire.

Chaque année, il aura fallu se battre pour un budget équilibré et contre une dette qui s’apparente toujours à une hydre centenaire.

L’intrigue, déjà complexe, a encore été chamboulée en 2020 par une crise sanitaire inattendue et féroce. Une situation virologique difficile qui a entraîné une crise économique importante dans notre Ville, notre canton et notre pays. Restaurateurs, PME, indépendants, employés, tous souffrent encore des suites de ce virus et des conséquences financières qui en découlent. Les actuelles autorités ont tenté d’endiguer du mieux qu’elles le pouvaient les conséquences sur la santé et l’emploi, mais il restera beaucoup à faire lors du chapitre prochain. 

Un chapitre qui s’ouvrira le premier janvier 2021. Il débutera par une célébration morose, dans le respect des distances de sécurité et des mesures sanitaires, de l’union à quatre célébrée dans les dernières pages du tome précédent. Un nouveau chapitre qui s’annonce passionnant également. Le manuscrit n’est pas terminé, mais on peut déjà y retrouver de nouvelles intrigues. Les lecteurs découvriront l’impact de la perte de la majorité de gauche au Conseil communal. Ils pourront participer à la création de la nouvelle Commune, notamment en participant aux assemblées citoyennes. Une chose reste cependant certaine, les argonautes du groupe PLR continueront à soutenir l’innovation et à se battre pour des finances saines. Bonne lecture !


(Publié dans “Vivre la Ville”, 23 décembre 2020)

Merci Fabio !

Lundi s’est déroulée la dernière séance de la législature 2016-2020. Elle a notamment permis de remercier les trois membres sortants du Conseil communal ainsi que le Chancelier. Merci à eux pour le travail effectué. Notre groupe leur souhaite plein succès dans leurs projets futurs. J’aimerais cependant rapporter ici les remerciements du groupe PLR adressé à Fabio Bongiovanni, qui quitte son siège après près de 8 ans.

Élu en 2008 au Conseil général sur la liste ULR (Union libérale-radicale, rassemblement des deux partis avant leur fusion), Fabio Bongiovanni entre au législatif de notre Ville. Deux ans après, il devient président de la section locale du PLR, puis en 2012 président du Conseil général. En 2013, à la suite des élections cantonales, il succède à Alain Ribaux qui est élu au Conseil d’État.

Fabio Bongiovanni – Photo © David Marchon

En 2013, à 27 ans, Fabio Bongiovanni devient le plus jeune membre d’un exécutif professionnel de Suisse. Il en faut plus pour lui faire peur. Rapidement il s’attèle à comprendre davantage les rouages des finances publiques. Il obtient notamment un CAS en Économie et finances publiques à l’Université de Neuchâtel. Visiblement ça marche. En effet, il gardera le dicastère des finances durant tout son mandat. Les comptes 2015 valent aux services de la Ville une première place du classement des finances publiques établi par le mensuel PME Magazine, rebelote pour les comptes 2018 qui obtiennent une 3e place Suisse. 

Une gestion saine des dépenses, le remboursement de la dette… chaque année son crédo raisonnait : « qui paie ses dettes s’enrichit ». Notre groupe espère que ces sages paroles vont continuer à se faire entendre à l’Hôtel de Ville. 

L’action de notre « Grand argentier » ne s’arrête pourtant pas seulement à un bilan financier. Le domaine de l’économie, qu’elle soit locale ou internationale s’est également développé. Des rencontres régulières avec des villes amies ou des groupes industriels ont permis de faire rayonner notre Ville. De même, son action au service des ressources humaines a permis de mettre sur pied un programme d’amélioration pour les apprentis effectuant leur formation dans notre administration. 

Monsieur le Conseiller communal, cher Fabio, ton action au sein du Conseil communal fut brillante. Permets-moi au nom du groupe PLR de te remercier pour le travail accompli et de te souhaiter plein succès pour tes activités futures. 

(Texte paru dans “Vivre la Ville” du 9 décembre 2020)

Ci-dessous, mon intervention et le message de Fabio Bongiovanni durant la séance du Conseil général du 7 décembre.

(c) Sonomix 2020